Créatrice de la marque Luxury By K, la Marocaine est aussi cofondatrice de l’African Fashion Talents (Afrifata), un festival organisé à Casablanca, où les jeunes créateurs du continent sont mis en avant. Portrait d’une artisane de la solidarité.
Ne vous fiez pas aux sequins et broderies qui rappellent les fastes d’Orient, Zaineb El Kadiri fait avant tout la promotion de la culture africaine, dans ce qu’elle a de plus glorieux.
Cette discrète femme d’affaires mêle la politique et l’économie à la vision qu’elle se fait de la mode : “Depuis que le Maroc a réintégré l’Union africaine, il y avait pour moi urgence de nous réconcilier avec la culture du continent, qui est si peu valorisée au Maghreb, symbole de ‘misère’ encore pour beaucoup. J’ai choisi la mode pour sortir des clivages politiques et contribuer à changer les mentalités.” Son projet n’est pas simplement de faire vivre sa maison de couture – ce qu’elle fait avec brio depuis 2010 – ou de rejoindre la masse très fertile des créateurs de mode marocains, mais de monter un réseau d’influence qui bénéficierait à tous les pays d’Afrique. Elle s’explique : “Les plus grandes marques de haute couture s’inspirent de nos richesses culturelles, de nos tissus ou de notre artisanat pour défiler sur les podiums des Fashion Weeks, il est temps de se réapproprier notre héritage à travers une communauté solidaire.”
Un réseau prometteur Et c’est ainsi que Zaineb parcourt l’Afrique pour dénicher des talents qui se grefferaient à Luxury by K et aux festivals de mode qu’elle organise ou auxquels elle participe.
En véritable chasseuse de têtes, elle a même créé des formations pour que les jeunes passionnés apprennent les métiers de l’artisanat. Elle a d’ailleurs elle-même formé sept élèves au perlage, sa spécialité, et ambitionne d’ouvrir prochainement une école. Forte de son réseau et avec la bienveillance de l’administration marocaine, elle a créé, avec Nawal Debbouze, le premier festival de mode dédié à l’Afrique à Casablanca : trois années de travail, deux défilés, plus de 100 000 euros dépensés pour l’organisation, 24 designers présents représentant 15 pays du continent, et une vingtaine de médias nationaux et internationaux pour couvrir l’événement, qui dure quatre jours. “L’événement a tapé plus fort qu’on ne l’aurait jamais imaginé”, commente Zaineb avec modestie, lorsqu’elle cite l’Afrique du Sud, qui a été convaincue de monter une fédération commerciale pour mettre en relation les financiers et les jeunes créateurs.
Noble, traditionnel et moderne
“On a, trop longtemps, été esclaves de nos propres richesses, explique-t-elle. Je ne suis pas magicienne, mais j’essaye avec mes petits moyens de construire quelque chose de très grand.” Rendez-vous est déjà donné en mars pour la deuxième édition d’Afrifata. En attendant, la designer mène Luxury by K de son côté, en proposant sa prochaine ligne “Sahara marocain en Afrique”. Une collection de mode où la femme est sublimée dans ce qu’il y a de plus noble, traditionnel et moderne… à l’image de sa créatrice.